Ces récits ont été recueillis par Emmanuel Mbolela et ses collègues à la Maison d’hébergement d’urgence de femmes migrantes de l’Arcom.
Récit de Anvojo, 22 ans, Nigériane
Anvojo est arrivée par la route au Maroc. Elle a été amenée à se prostituer. Tombée enceinte, elle a abandonné son enfant dans la famille dans laquelle elle a travaillé comme ménagère. Elle a ensuite passé une année en hôpital psychiatrique. Résidant à l’Arcom, elle attend les papiers pour retourner au pays avec l’aide de l’OIM.
Doumbia, 44 ans, Ivoirienne, veuve avec enfants
Son mari a été assassiné lors de la guerre après les élections de 2010. Restée seule avec ses enfants, les marchandises de son commerce ont été pillées par les militaires. Elle ne pouvait pas rembourser ses dettes. Elle est venue au Maroc en avion avec son enfant de 6 ans dans le but de trouver du travail. Elle a d’abord travaillé dans un ménage, puis a vécu dans la forêt à Nador dans le but de tenter la traversée vers l’Europe. La police était violente et refoulait les personnes attrapées. Elle a vécu à Casablanca de la mendicité. Elle a tenté plusieurs fois la traversée depuis Layoun. Lors de la dernière tentative, sa fille de 9 ans a sombré dans les flots. Elle loge actuellement au foyer de l’Arcom où elle attend ses papiers pour rentrer au pays (avec l’aide de l’OIM).
Michelle, 25 ans, Ivoirienne, célibataire avec enfants
Michelle n’a pas pu poursuivre ses études au collège, faute de moyens. Non-mariée, elle a deux enfants qui sont restés chez leur grand-mère. Un recruteur a payé le billet d’avion de Michelle. Elle a trouvé un emploi dans une famille, mais elle devait remettre les 2000 dh (180 Euros) gagnés chaque mois au recruteur. Ne gagnant aucun argent, après 6 mois, elle a arreté de travailler. Son recruteur l’a violament frappée et elle a été forcée de fuir. Avec l’aide du HCR, elle a rejoint l’Arcom. Elle cherche encore un travail pour gagner de l’argent avant de rentrer dans son pays.
Maimouna, 42 ans, Guinée Conakry, divorcée, mère de 4 enfants
A appris à lire lorsque ses enfants sont allés à l’école. Maitrise la broderie et la teinture, ainsi que la coiffure. A été mariée de force à 13 ans, avec une première naissance à 14 ans. Son mari la frappait très souvent, il lui a même brisé la machoire. Elle a divorcé puis a laissé ses enfants chez sa mère pour aller travailler au Koweit. Le billet était payé par une agence qui placait les migrantes dans des familles. Le travail s’apparentait à de l’esclavage, de 5h du matin à une heure de la nuit, sans possibilité de sortir ni de téléphoner. Après avoir travaillé au Koweit dans deux autres familles, Maimouna a fait venir son fils au Maroc dans le but de travailler et ensuite de passer ensemble en Europe. Ce plan ayant échoué, son fils est rentré en Guinée afin de poursuivre ses études. Après avoir fait encore une tentative de passer en Europe, Maimouna se retrouve à l’Arcom.
Mireille, 26 ans, Ivoirienne, célibataire
La soeur de son père organise le voyage dans le but d’arriver en Europe. Mais il faut d’abord gagner de l’argent au Maroc. Elle a été engagée par une Marocaine et devait travailler de 6h du matin jusqu’à 23h. Son passport lui a été confisqué. La patronne ne voulait pas que son employée se douche. Certaines fois, elle retenait son salaire. Mireille a pris la fuite. Afin d’avoir un logement, elle est sortie avec un homme dont elle est tombée enceinte. Finalement, elle a trouvé refuge à l’Arcom et attend ses papiers pour retourner au pays, aidée par l’OIM.
Récit de Kieno, 18 ans, Côte d’Ivoire
Kieno voulait rejoindre sa tante qui était déjà au Maroc afin de tenter leur chance d’arriver en Europe. Elle est arrivée au Maroc par la route, en passant par le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. Vu son jeune âge, il fallait payer pour passer les frontières. Un monsieur avait été payé par sa tante afin de financer les passages de frontière. Ce monsieur a été arrété et Kieno s’est retrouvée sans argent. En plus, arrivée à Dakla, elle est tombée enceinte d’un monsieur qu’elle ne connaissait pas. Elle et sa tante ont trouvé refuge auprès de l’Arcom et cherchent à rentrer au pays avec l’aide de l’OIM.
Dosso, 34 ans, Ivoirienne, divorcée
Dosso n’a jamais été à l’école, car son père est décédé quand Dosso avait une année et sa mère ne pouvait payer les études. Elle a été mariée par ses frères à l’âge de 17 ans. Elle a eu 3 garçons et suite à des conflits, elle s’est divorcée. Elle avait un petit commerce de légumes. Elle est venue au Maroc par avion dans le but de gagner l’Espagne. A Agadir, elle a travaillé dans les champs pour gagner de l’argent pour la traversée. Elle devait être payée tous les 15 jours, mais il arrivait que le patron ne la payait pas. Elle a rencontré un homme et elle est tombée enceinte. L’homme a été refoulé et n’a pas maintenu le contact. Lors d’une tentative de traversée, le bateau s’est renversé et par miracle elle a été sauvée. Elle a rejoint l’Arcom où elle a accouché. Elle attend ses papier pour rentrer dans son pays.
Awa, 21 ans, Ivoirienne
Awa est arrivée en octobre 2020 par avion à Rabat. Elle a travaillé dans une famille marocaine, s’occupant du papa de la patronne. Elle a connu un monsieur qui l’a persuadée de quitter ce travail pour tenter la traversée vers l’Europe. Arrivée à Nador, Awa est tombée enceinte de ce monsieur qui a prit la fuite. Elle a vécu de la mendicité. Elle a accouché de deux jumelles. Elle réside à l’Arcom. Elle va chercher du travail.